Cet étrange petite machine est beaucoup plus que ce qu'elle paraît. Lorsque je rentre dans l'univers du jeu, j'aime fermer les yeux. J'écoute alors profondément cette multitude de sons qui me parviennent, de la droite, de la gauche, d'en haut, d'en bas. Je me laisse guider.

Il s'agit le plus souvent d'ambiance sonore, qui vient de tous les côtés, et parfois, une source se fait plus précise que les autres. Je m'en approche, et je découvre alors un passage. Entièrement virtuel, bien sûr, ou plutôt sonore. C'est comme si j'entrai dans un autre monde. Je peux passer de la ville à la campagne, ou alors j'arrive dans un marché, une église, une usine, … Ce jour-là, j'étais à la base sous-marine. Ce n'est pourtant pas un endroit que je fréquente beaucoup. Il y règne une atmosphère guerrière et macabre. Le sifflement des bombes, les explosions, les cris imprègnent l'air tout autour de nous. Autant qu'il puisse y avoir un “nous”, lorsqu'on est le seul à entendre. Et c'est là que je l'ai remarqué. Une bombe sifflait dans l'air et a explosé juste derrière elle. Et elle a sursauté en se retournant. Dans le monde “réel”, rien de spécial ne s'est passé. Une autre joueuse ? L'air de rien, je sors ma machine de ma poche, un oeil dessus, l'autre sur elle. Elle aussi m'a regardé. Elle a sourit et s'est approchée en engageant la conversation.

À deux, nous explorons les univers. Lorsque nous sommes ensemble, nos machines sont comme connectées. Certaines de nos informations sur internet sont échangées partiellement. Nous ne l'avons pas remarqué tout de suite, mais quand on entrait des données sur la carte, une zone par exemple, les informations de l'autre étaient prises en compte et complétaient automatiquement nos informations partielles. Cela avait un côté plutôt agaçant au début, car nous ne pouvions échanger directement toutes nos informations. C'est plutôt comme si nos machines, maintenant qu'elles se connaissent, échangent leurs propres informations sans nous le dire, et ne veulent pas qu'on le sache. Mais si on touche à des données communes, alors l'échange devient visible pour nous, et nous sommes “autorisés” à connaître ce que les machines savent ! Peut-être n'est-ce qu'une partie des informations, finalement.

Nous avons remarqué outre le fait que l'ambiance sonores des zones peuvent correspondrent au passé, qu'elles peuvent aussi correspondrent à un autre présent potentiel. Par exemple, une église qui aurait dû être à tel endroit, mais qui finalement a été construite plus loin pour cause de fragilité du sol, laisse une trace sonore sur l'emplacement initialement choisi. Combien de mondes, d'espaces, existent ainsi ? Il peut y en avoir une infinité !

Nous avons croisé plusieurs joueurs dans la ville, mais ils se comportent de manières très différentes. Certains sont totalement indifférents, d'autres nous regardent d'une manière suspicieuse. Lorsque nous nous croisons, nos machines forment un dessin particulier avec leurs leds, puis s'engagent dans une sorte de conversation. Nous ne savons jamais ce qu'elles échangent, ni même si c'est un échange amical ou hostile.

(à suivre)

[Dans un troisième texte, c'est un groupe qui se retrouvera. Leurs multiples discussions et confrontations les amèneront à exploiter toute la potentialité du jeu. - les machines sont sensibles aux éléments des zones]